On présente souvent le football comme un monde à part, hors de la réalité, où tous les délires financiers sont possibles. Pourtant, si la plupart des clubs sont aux mains de très riches propriétaires, ceux-ci peuvent être directement impactés par l’environnement économique.
Si un pays a représenté la crise économique européenne ces dernières années, c’est bien la Grèce. Une nation à genoux, contrainte d’éponger ses dettes aux prix fort. Et le football local a bien évidemment dû composer avec ce très lourd contexte.
Si des clubs ont fait faillite, d’autres ont été contraints de se démener pour trouver les quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros nécessaires à leur survie. Dans ces cas-là, il n’y a pas de règle, juste une absolue nécessité de tout faire pour continuer à exister.
Le football professionnel a été durement touché… et que dire du niveau inférieur ! Chez les amateurs, la crise économique a eu des effets dévastateurs.
Le club de Voukefalas ne vous dit sûrement rien. Niché dans la ville de Larissa, à mi-chemin entre Athènes et Thessalonique, ce club amateur vit dans l’ombre de l’AEL, le principal club de la ville. Il a vu passer de nombreux anciens joueurs du championnat de France comme Ibrahima Bakayoko, Daniel Cousin, Salomon Olembé ou encore Laurent Robert.
En 2012, le club n’a plus aucune réserve d’argent et a besoin de nouveaux financements. Si certains clubs amateurs sollicitent des pompes funèbres ou des vendeurs de Kebab, Voukefalas va trouver de l’aide auprès des maisons closes de la ville.
La prostitution est légale et réglementée en Grèce. Et pour assurer le financement d’une équipe qui lui coûte 10 000 euros par an, le président Yiannis Batziolas fait preuve de créativité. « Malheureusement, le football amateur a été abandonné par presque tout le monde, déplorait-il auprès de l’agence AP. C’est une question de survie. »
Deux maisons closes acceptent de financer l’équipe au travers d’un contrat de sponsoring maillot. Les tenues du clubs arborent donc les logos « Villa Erotica » et « Soula’s House of History », des noms des deux établissements de prostitution.
La propriétaire d’une des maisons closes, Soula Aleyridou, justifie ainsi son investissement : « Si nous n’aidons pas nos scientifiques et nos athlètes, où allons nous? La Grèce possède une population éduquée, cultivée, et également de bons athlètes. Il vaut mieux que nous les aidions plutôt que d’envoyer notre argent en Suisse. »
Pour subvenir aux besoins et rééquilibrer un budget impacté par la réduction des subventions gouvernementales, le club de Voukefalas a donc choisi d’accueillir deux sponsors … disons… particuliers et pas forcément du meilleur goût.
Les maisons closes ou la faillite. Tel était le destin du club de Larissa. L’histoire ne dit toutefois pas le lieu où se déroulaient les troisièmes mi-temps en cas de victoire…