Foot français

Villaplane, de l’équipe de France aux commandos de la Gestapo

26 décembre 1944. 10h35. Les membres du peloton d’exécution du fort de Montrouge chargent leurs fusils et pressent la détente. Huit hommes tombent au sol. Parmi eux, Alexandre Villaplane…

Johan Cruyff et ses deux matches disputés avec le maillot du PSG

À quels clubs associe-t-on naturellement Johan Cruyff ? À l’Ajax, bien sûr, son club formateur, mais aussi au FC Barcelone, où il a évolué durant 5 saisons. Les plus connaisseurs se souviennent également que le Hollandais volant a foulé les pelouses américaines lors de l’avènement de la très lucrative NASL.

Mais peu savent qu’il a effectué deux piges au PSG et à l’AC Milan. À une époque où les contrats n’étaient pas aussi verrouillés, certains joueurs pouvaient convaincre leurs clubs de porter le maillot d’une autre équipe à l’occasion de matches estivaux. Johan Cruyff ne s’en est pas privé.

En 1975, Johan Cruyff enchante les pelouses espagnoles sous le maillot du FC Barcelone. Le joueur a remporté le Ballon d’Or en 1971, 1973 et 1974 et vient de terminer à la 3e place de la plus célèbre des récompenses individuelles.

Il rencontre Daniel Hechter lors d’un événement de son sponsor personnel, adidas. Le Néerlandais porte des vêtements de la marque Hechter et le courant passe bien entre les deux hommes. Quelques semaines plus tard, le président du Paris Saint-Germain propose au batave de venir jouer un tournoi amical en plein été, à Paris.

Le club de la capitale est né il y a cinq ans seulement et il recherche de la lumière. Le couturier et patron du PSG a donc cette idée de faire jouer deux rencontres à Cruyff. L’idée est de profiter de sa notoriété, faire quelques clichés et communiquer sur cet événement.

Le club francilien, entraîné alors par la légende Just Fontaine, doit jouer deux matches au Parc des Princes contre le Sporting, un club de Lisbonne, et le FC Valence.

Lors de la première des deux rencontres, Johan Cruyff éblouit par sa classe, sa finesse technique et son leadership. Tous les ballons passent par le Parisien d’un jour. Les spectateurs sont ravis.

Mais cela ne va pas durer. Lors du second match, contre Valence, le Néerlandais est dans le dur et offre une performance indigente. Le public du Parc le prend alors en grippe, estimant que la promesse n’est pas tenue. Les supporters d’un club qui n’existe que depuis cinq ans sifflent donc un triple Ballon d’Or, dont le talent est reconnu dans le monde entier. La scène est surréaliste et certains joueurs parisiens sont embarrassés.

Johan Cruyff ne se démonte pas après le match et s’excuse pour sa prestation.

« Je suis désolé, je suis fatigué car j’ai connu une saison difficile. Il y a un mois, j’ai même dû m’aliter. Je n’avais pas assez d’entraînement et je n’ai tenu qu’un match. »

Le Hollandais volant quitte la capitale dans la foulée et rentre en Catalogne.

Six ans plus tard, alors libre, il est invité par l’AC Milan pour un tournoi amical à Milan. Le club de Silvio Berlusconi veut répéter le coup médiatique, mais ne promet aucun contrat au joueur en cas de bonnes performances.

Lors de ce Mundialito per club 1981, Johan Cruyff ne joue que 45 minutes face au Feyenoord Rotterdam. A 34 ans, le joueur est dit « cramé » et sa prestation ce jour-là ne rassure personne.

Le lendemain, le Guerin Sportivo publie son compte-rendu du match et se désole de la prestation de Johan Cruyff. Stefano Germano intitule même sa chronique « les dieux s’en vont » et explique sur deux colonnes combien il est désolé de la prestation de l’attaquant néerlandais, jugée terne et même pathétique.

Après deux dernières piges à l’Ajax puis au Feyenoord, Johan Cruyff raccroche finalement les crampons en 1984, à l’âge de 37 ans. Une carrière riche en but, en trophées et en aventures, l’une d’elle l’ayant même mené à Paris, le temps de deux petites rencontres sous le maillot du PSG.

Une lourde défaite 5-1 attribuée à un jus d’orange empoisonné

Pour déstabiliser des adversaires, certains sont prêts à tout. Les exemples dans l’histoire du football sont nombreux. Il y a  notamment la technique de l’ammoniac dans le vestiaire, ou encore le coup de l’eau chaude dans les douches en pleine chaleur ou de l’eau froide, c’est selon, en plein hiver. Certains ont même donné des ballons sous-gonflés aux adversaires lors de l’échauffement d’avant-match. Le championnat de France est riche d’anecdotes plus ou moins déloyales.

Mais tant que tout ceci est légal, on reste dans le domaine de la filouterie ou de la bassesse, selon le degré d’acceptation de chacun et son rapport à l’équité dans le sport.

Cela devient plus problématique quand des joueurs sont empoisonnés en vue de faire baisser leurs capacités physiques, avec des techniques totalement illégales.

Les joueurs du Stade rennais se souviennent de leur déplacement au Stade Vélodrome de Marseille le samedi 14 décembre 1991.

Comme ils en ont l’habitude, les Bretons arrivent la veille dans la Cité phocéenne et logent au Novotel.

Le jour du match, ils prennent leur petit déjeuner et leur repas à l’hôtel avant de se consacrer à la sacro-sainte sieste d’avant-match. A leur arrivée au stade, plusieurs joueurs se plaignent : ils ne se sentent pas bien.

Pascal Rousseau, le gardien, confie à son président, René Ruello, qu’il se sent « flottant », mais évoque également le stress d’avant match. Egalement titularisé ce soir-là, Serge le Dizet, a évoqué dans une interview à Ouest-France, que plusieurs joueurs étaient souffrants dans le vestiaire et que le Stade Rennais avait failli ne pas démarrer la rencontre à onze.

La première mi-temps est un véritable cauchemar pour les Bretons : Papin, à trois reprises, Sauzée et Durand inscrivent cinq buts pour l’OM en 44 minutes de jeu. A la pause, l’écran géant affiche un improbable 5-1. C’est aussi le score final.

Lors du voyage retour vers Rennes, plusieurs joueurs s’endorment dans l’avion. Le kiné, habitué à jouer aux cartes lors des déplacements, ronfle carrément dans la carlingue.

Le lendemain matin, les joueurs sont envoyés faire des analyses médicales. Le verdict est sans appel : empoisonnement généralisé et attribué au jus d’orange consommé à l’hôtel pendant la collation.

René Ruello, dans un entretien au Télégramme, se souvient même que le Yougoslave Shala, remplacé dès la demi-heure de jeu et le Brésilien Baltazar avaient encore l’équivalent de deux comprimés de Tranxène dans le corps. Un anxiolytique a donc été versé dans le jus d’orange destiné aux joueurs rennais.

Le président breton porte plainte et s’adresse au patron de la SRPJ, le service régional de la police judiciaire. L’affaire n’a finalement pas de suite. L’enquête s’est arrêtée au Novotel où les joueurs sont descendus.

Quant à Bernard Tapie, le président marseillais, il a juré ses grands dieux qu’il n’était au courant de rien.

La croisière s’amuse avec l’équipe de France à la Coupe du monde 1930.

Lors de la Coupe du monde 2018 en Russie, l’équipe de France avait rallié Moscou en à peine 4 heures d’avion. 88 ans plus tôt, les Bleus avaient mis 14 jours pour atteindre l’Uruguay, premier pays hôte de la plus belle des compétitions internationales. Un voyage XXL organisé avec d’autres sélections européennes et ayant de forts airs de club de vacances.

A l’époque, il n’y a pas de phase de qualifications et toutes les nations affiliées à la FIFA peuvent s’inscrire. Seules quatre sélections européennes le font, certaines arguant que le voyage revient trop cher, d’autres pensant qu’elles n’ont aucune chance de gagner face aux surpuissants uruguayens.

La fédération française doit négocier avec les employeurs des joueurs pour qu’ils les libèrent pour une durée de deux mois. Il faut en effet un mois pour le voyage aller-retour et un autre pour la durée du tournoi.

Le 21 juin 1930, les Bleus embarquent à bord du SS Conte Verde à Villefranche-sur-Mer. La durée de la traversée est de 14 jours. Sur le bateau, les sélections roumaines et belges sont également de la partie, au milieu des autres passagers.

La première mission est de garder en forme les footballeurs. Le paquebot se transforme alors en grand terrain de jeu. On place des chaises sur le pont supérieur pour faire des haies par-dessus lesquelles les joueurs doivent sauter. Des footings sont organisés tous les soirs et la salle de sport est frénétiquement utilisée, dès le réveil fixé quotidiennement à 7 heures.

Mais ce n’est pas suffisant. Car le voyage est long. Il faut donc divertir les joueurs pour que le moral reste au beau fixe. Les jeux de carte affluent, des films sont projetés dans la salle de cinéma et des bals dansants sont organisés.

Pour se rafraîchir, une piscine est aménagée à la hâte sur le pont et joueurs et dirigeants s’y baignent bien volontiers.

Le milieu de terrain Augustin Chantrel raconte dans Paris-Match quelques activités pendant la traversée : course en sac, pêche avec les dents dans une bassine et batailles de polochons sont au programme. On est plus proche de jeux ludiques dans une foire ou une fête d’écoliers que d’une préparation d’avant Coupe du monde. « Pas une minute d’ennui ne vient rappeler la longueur de la traversée », conclut le footballeur. Quelques petites fêtes plus ou moins fastueuses ponctuent même le voyage.

Après des escales à Barcelone, au Portugal, aux Canaries et à Rio pour embarquer la sélection brésilienne, le paquebot entre dans le port de Montevideo le 4 juillet. Présent à bord, le journaliste Pierre Billotey raconte que les Bleus sont accueillis par des cris « Vive la France » avant que la Marseillaise retentisse, jouée par la marine uruguayenne.

9 jours plus tard, le 13 juillet, la France joue son premier match de la Coupe du monde 1930 face au Mexique. En Uruguay, c’est l’hiver et quelques flocons de neige font leur apparition. Les Bleus s’imposent 4-1 mais s’inclinent ensuite face à l’Argentine et le Chili, à chaque fois sur le même score, 1-0.

Avec deux défaites et une victoire, les Bleus sont éliminés. Ils restent néanmoins sur place le temps de la compétition et disputent même un match amical face au Brésil, perdu sur le fil 3-2.

Que reste-t-il de cette épopée. Lucien Laurent ne parle pas de football lorsqu’il est de retour en France. L’aventure, plus forte que tout.

« C’est ce voyage qui m’a le plus impressionné. Cette traversée, comme le retour, restera mon plus beau souvenir. L’Uruguay, le bout du monde, le temps des copains, c’était La croisière s’amuse… »

L’incroyable proposition de Fidel Castro à Guy Roux

De 1961 à 2005, Guy Roux guide l’AJ Auxerre pour de nombreuses conquêtes en France et de belles rencontres à l’échelle européenne.

Sous sa houlette, le club icaunais, amateur lors de la prise de fonction de son entraîneur, parvient à décrocher quatre Coupes de France, un titre de champion de Première division et atteint même la demi-finale de la Coupe de l’UEFA.

Surnommé l’éleveur de champions, Guy Roux a activement participé à l’éclosion de nombreuses stars comme Eric Cantona, Djibril Cissé et Basile Boli. Le tout, avec de petits moyens financiers.

Roi de la débrouille, il a su régler de nombreux problèmes avec malice et parvenir à ses fins avec de nombreuses astuces. Sa vie ponctuée d’anecdotes est aussi proche de celle d’un entraîneur que d’un espion.

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L’une d’entre elle mène d’ailleurs à Cuba, l’île des Caraïbes, située non loin des côtes américaines.

En 1993, Guy Roux profite de quelques jours de vacances à Cuba pour se ressourcer et visiter un pays qu’il ne connait pas encore. Un matin à 5 heures pétantes, un policier frappe à la porte de sa chambre dans un hôtel de Varadero, sur la côte nord de l’île. Il vient lui remettre une invitation officielle pour un déjeuner à La Havane.

Le rendez-vous est fixé le jour-même, en compagnie de Fidel Castro. L’homme d’état est l’un des principaux acteurs de la révolution cubaine de 1959 et est à la tête du pays depuis 1976.

Après deux heures de route dans une Mercedes avec chauffeur envoyée par le dirigeant cubain, Guy Roux arrive dans la salle d’honneur de La Havane pour son déjeuner avec Fidel Castro.

Après une balade en hélicoptère, le lider maximo apparaît dans le palais présidentiel. Au cours de ce déjeuner, il fait alors une incroyable proposition à l’entraîneur auxerrois.

“Je sais que tu es un entraîneur renommé en France, et que tu as réussi de belles choses avec ton club. Je t’offre la possibilité de nous rejoindre et de t’occuper de notre jeunesse. Si tu acceptes de venir chez nous et qu’au bout de deux ans, les jeunes commencent à se détacher du base-ball et du football américain, pour jouer au football, je te donne une île. Tu m’entends : je te donne une île !”

Fidel Castro a en effet une problématique autour des loisirs de la jeunesse de son pays. Largement sous influence américaine, la culture sportive se concentre autour des deux sports les plus populaires des Etats-Unis : le base-ball et le football américain. Castro souhaite limiter l’impact de la première puissance mondiale. Pour cela, les jeunes doivent s’intéresser à un autre sport : le football.

Guy Roux finit par décliner la proposition arguant qu’il souhaite terminer sa mission avec la belle génération auxerroise. Trois ans après cette incroyable proposition, l’AJ Auxerre des Lamouchi, Diomède et Guivarch remporte d’ailleurs un doublé historique Coupe-Championnat avec Guy Roux à sa tête.