Campagne médiatique, procès, menaces… comment Cruyff a mis le feu à l’Ajax pour une ultime révolution

Johan Cruyff incarne l’Ajax. L’héritage de l’Hollandais volant à Amsterdam est immense et continue d’exister malgré sa disparition en mars 2016.

Sa personnalité, aussi fascinante que complexe, a marqué les Amstellodamois. Son influence philosophique sur le jeu a fait la renommée du club néerlandais aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, si vous prononcez le nom « Ajax » un peu partout sur le globe, vous constaterez le même émerveillement. Ce club, c’est le beau jeu et des jeunes talentueux.

Pourtant, tout n’a pas toujours été simple entre Johan Cruyff et son club.

Début 2010, Johan Cruyff lance une grande offensive médiatique. Les causes ? Une équipe en panne de jeu, en manque d’idées et ne prenant pas la bonne direction. Le but de la manœuvre ? Provoquer une révolution à l’Ajax, remettre ses idées au cœur de la stratégie économique et sportive et, il faut bien le dire, placer quelques-uns de ses proches à la tête du club.

Après 6 années sans trophée majeur et des millions d’euros engloutis dans des transferts ratés, la direction sportive est dans une position inconfortable. Johan Cruyff va en profiter. Tous les supporters lui vouent un culte permanent et il sait qu’il sera écouté.

L’offensive dure plusieurs semaines à base d’éditos très durs dans le journal De Telegraaf. « Je ne reconnais plus mon Ajax », témoigne-t-il le 25 novembre 2010. Il lance un appel aux anciennes gloires du club, afin qu’elles se mobilisent et intègrent les organes de direction du club.

Dans un rapport explosif rendu début mars 2011, il fustige l’état de la formation du club et de son académie.

Sous la pression médiatique et populaire, les membres du conseil d’administration du club démissionnent. Le président du club et le directeur de la formation prennent également le chemin de la sortie quelques semaines plus tard.

La nomination d’un nouveau Directeur technique tourne au pugilat à la fin de l’année 2011. Le 16 novembre, les quatre autres membres du Collège des commissaires, nommé entre temps et dont Cruyff faisait partie, décident de nommer Louis van Gaal à ce poste, dans le dos de Cruyff, parti faire un aller-retour express en Catalogne.

Le coup est rude car Van Gaal et lui se détestent cordialement. Mais l’ancien numéro 14 des Pays-Bas ne se laisse pas faire. Il attaque le club en justice pour faire annuler cette décision.

Le procès a lieu le 27 novembre 2011 et Cruyff débarque au tribunal avec sa garde rapprochée. Elle est composée de Wim Jonk, Jaap Stam, Dennis Bergkamp et Marc Overmars. Que des anciennes légendes de l’Ajax.

En attendant le verdict, les coups bas se multiplient. Bénéficiant d’un large soutien populaire, le clan Cruyff accentue la pression. Deux des quatre commissaires à l’origine de la venue de Van Gaal reçoivent des menaces de mort et certains demandent même l’aide d’une société privée de sécurité.

Le 12 décembre 2011, le juge donne raison à Cruyff dans le litige qui l’oppose au Collège des Commissaires. Même issue lors de l’appel deux mois plus tard. Les dernières poches de résistance sont matées.

Les personnes à l’origine de la nomination de Van Gaal démissionnent, le directeur technique intérimaire, sous escorte policière, également. Cruyff peut alors placer tous ses amis aux postes clés du club.

Cruyff a gagné. Cette période intense et immodérée a été fondatrice. Car si l’Ajax d’aujourd’hui brille en Europe et profite d’une nouvelle génération dorée, elle le doit au travail et à l’acharnement du Prince d’Amsterdam. Il a redéfini les contours de la politique sportive et réaligné la formation du club sur ses idées.

L’avenir doré de l’Ajax valait bien quelques batailles de famille.